A sa vue, Gowan Ross eut quelque difficulté à extraire son corps replet du fauteuil où Mrs Elroy l'avait installé. Quand il y fut parvenu, il se précipita, les bras tendus vers son hôtesse ;

—  Chère miss McCarthery... j'ai appris ce matin... l'affreuse chose... je... je suis... je ne sais pas comment vous... vous exprimer... le misérable !... Je ne
me doutais pas...

L'émotion le faisait pitoyablement bafouiller et Imogène, doucement émue devant cette marque d'intérêt, lui parla avec bonté.

—   Remettez-vous, cher Mr Ross. Asseyons-nous.

—   Oui... bien sûr... avec plaisir... Je suis tellement heureux de vous retrouver saine et sauve !

Imogène refit le récit dramatique de ce qui s'était passé avec Lyndsay. Elle se montra pathétique à sou-ait et Gowan, les yeux écarquillés, la bouche entrouverte, buvait ses paroles. Quand elle en arriva à l'épisode de l'attaque sournoise de Flootypol, Ross ne put maîtriser plus longtemps son indignation et, se dressant d'un bond et, agitant ses bras un peu courts :

—   Miss McCarthery, si vous le permettez, je vais aller boxer cet individu !

—   Calmez-vous, cher ami... Il est trop fort... pour vous, pour nous... du moins pour l'instant... Il faut agir discrètement et lutter par la ruse contre la ruse... Je n'ai pas de témoin et il peut raconter ce qu'il veut...

—   La canaille !

—   Mais vous, Mr Ross, que pensez-vous de feu Andrew Lyndsay ?

Gowan affirma qu'il avait rencontré Lyndsay à son club et que leur attirance mutuelle était née d'une commune passion pour la pêche. Il n'en savait pas davantage, bien loin de soupçonner l'être abject qui se dissimulait sous des dehors dont la sévérité n'excluait pas la sympathie. Il demanda pardon à Imogène de s'être mit, à son insu, le complice de cet Andrew — que le ciel le confonde ! — et reconnut au'à cinquante-deux ans, il lui restait encore bien aes choses à apprendre sur les hommes.

Mutine, miss McCarthery répliqua :